Vous recommencez et vous parlez de traité de communication...
Léger sourire en coin, visiblement amusée.
Vous l'avez écrit vous même ? En effet, il doit être intéressant.
Monseigneur, cessez donc de me prendre pour plus idiote que je ne suis vraiment. Vous pensez jouer sur les mots avec moi ? Je pense que vous comprendrez que vous n'y arriverez pas.
Se fait servir un autre verre, toujours aussi calme.
Vous savez comme moi que le mot hérétique est péjoratif, une insulte, une menace. Les clercs la brandissent assez souvent pour que ce mot soit devenu comme tel, tout comme l'excommunication d'ailleurs.
Apporte son verre à ses lèvres, buvant une gorgée sans le quitter des yeux. Puis reprend toujours aussi calme.
Je le répète, je ne généralise pas, si c'était le cas, je vous aurais mis à la porte.
Par contre vous si, vous avez cette propension à le faire.
Ne dit-on pas qu'on reproche souvent aux autres nos propres défauts ?
En effet, vous ne répondez pas à mes questions.
Trouvez vous normal qu'un représentant de l'église qui est responsable de tout un diocèse s'en aille comme ça, sans prévenir personne juste... parce qu'il a été promu à un grade plus honorifique ?
Trouvez vous normal qu'un Évêque abandonne ses messes en court ? abandonne ses fidèles dans le marasme de l'organisation déplorable qu'il a laissé ?
Sans Dame Feuillle les mainois n'auraient pas pu être baptisés, mariés.
Attendez vous réellement de ces fidèles là qu'ils fassent encore confiance à des clercs qui semblent du même acabit, qui vont, qui viennent, sans aucun respect pour eux. Ne servant que de tremplin pour leur carrière et leurs ambitions ?
Voilà mes questions.
Car Monseigneur, vous arrivez dans une province dans cet état là.
Les fidèles ne le sont qu'auprès de ceux qui ne les ont jamais trahis.
Dame Feuillle a toujours été là.
Les envoyés de Tours par contre... non.
Vous vous étonnez que je sois seule ici à vous accueillir ?
Moi non, ça ne m'étonne pas.
Sourit, très calme, sirotant son verre.
Pour reprendre de nouveau votre exemple de mouton, chien et loup.
Je suis de ces chiennes qui s'adaptent à son troupeau. Apprenant de lui, essayant de comprendre comment il fonctionne pour avancer avec lui.
Je ne suis pas de ces gardien de troupeau qui imposent une route.
L'erreur de ces clercs dont vous parlez, c'est de croire qu'ils peuvent arriver et avoir de suite un troupeau à leur solde. Normal qu'ils soient mis rapidement au ban non ?
Et j'ai bien dit, ces clercs, et non pas l’Église.
Votre erreur à vous, c'est de justement croire que tous les moutons sont identiques, tous les moutons fonctionnent de la même manière et ont les même attentes. Et surtout, de penser que ces fidèles font des généralités de ceux qu'ils ont en face d'eux. Au contraire, le troupeau est conciliant, attend, et espère du changement.
Le dialogue est rompu, non par les moutons, mais bien par les chiens eux même.